Actuellement, 16 % de l’électricité mondiale sont produits par l’énergie nucléaire (30 % dans les pays de l’OCDE). En août 2009, on comptait dans le monde 436 réacteurs en service (pour une puissance totale de 372 GWe), 49 en construction (pour un total de 44 GWe) et près de 140 en projet (représentant 150 GWe).
Mais avec l’augmentation et l’enrichissement de la population mondiale, l’humanité aurait besoin de 40 % d’énergie en plus d’ici à 2030. La croissance mondiale annuelle de la consommation d’énergie serait de 1,7 % d’ici à cette même date.
Dans ce cadre, le nucléaire apparaît comme un moyen économique et efficace de faire face aux besoins énergétiques croissants de nombreux pays, de préserver ou accroître leur indépendance énergétique et de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre. C’est le cas en Europe (Lituanie, Finlande, Slovaquie, Bulgarie, Royaume-Uni, Pologne, Slovénie, Italie…), mais aussi pour Israël et la Syrie, qui ont profité de cette conférence pour affirmer leur volonté de développer leur nucléaire civil.
Aux États-Unis, de 1300 à 1900 centrales électriques doivent être remplacées dans les dix ans à venir. La Chine envisage d’implanter 20 à 30 nouveaux réacteurs sur son sol d’ici à 2030, tandis que la Corée du Sud, qui compte 19 réacteurs, compte doubler sa capacité dans les prochaines années.
Selon la World Nuclear Association, plus de 450 nouveaux réacteurs devraient être construits dans le monde d'ici à 2030, soit un doublement du parc actuel, réparti dans 31 pays. Déjà, 58 pays travaillent à des projets avec l'AIEA et 10 à 25 nouveaux devraient mettre leur première centrale en service d'ici à 2015.
Le président de la République Française, Nicolas Sarkozy, a plaidé pour que « la Banque mondiale, la Berd (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) et les banques de développement s'engagent résolument dans le financement » du nucléaire civil. Avant de militer pour que « toutes les énergies décarbonées puissent être financées par les crédits de CO2 ».
Il a aussi annoncé la création d’un institut international de l’énergie nucléaire. Cette structure abriterait une « école internationale du nucléaire » regroupant « les meilleurs enseignants et chercheurs ». Elle serait intégrée à un réseau international de centres d'excellence spécialisés, en cours de constitution, un premier devant s’ouvrir en Jordanie.
Il a également prôné la création d’un « organe indépendant sous l’égide de l’AIEA », dont la vocation serait d’établir « sur des bases scientifiques et techniques incontestables une grille d’analyse internationale ». Il procéderait aussi au classement des technologies disponibles sur le marché « selon le critère de la sûreté ». Il a enfin suggéré de mettre en place d'une « banque du combustible », gérée par l'AIEA, pour éviter les ruptures d'approvisionnement en uranium.
De son côté, José Manuel Barroso, président de la Commission européenne a annoncé « une initiative européenne pour relever les normes de sécurité et de sûreté internationales et les rendre juridiquement contraignantes partout dans le monde ». Par ailleurs, l’Europe va présenter des propositions de loi sur le traitement des déchets nucléaire d'ici à fin 2010.
« L’électronucléaire peut apporter une contribution majeure au développement économique et aider à atténuer les changements climatiques ». Yukiya Amano, directeur général de l'AIEA.
« Nous assistons à une renaissance de l'option nucléaire, et ce pour des raisons évidentes, en premier lieu pour nous permettre de faire face au défi du changement climatique. Il est aussi crucial que cette renaissance se fasse dans des conditions optimales de sûreté, mais néanmoins à des coûts accessibles. » Ángel Gurría, secrétaire général de l'OCDE.
« Nous devons continuer à nous concentrer sur la sécurité. Un accident nucléaire quelque part est un accident nucléaire partout ». Daniel Poneman, secrétaire américain adjoint à l'Énergie.
« Le nucléaire peut être une chance : pour le développement des États à forte croissance démographique ; pour la valorisation des ressources des pays riches en uranium ; pour diversifier les sources d’énergie afin de mieux maîtriser notre dépendance ». Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères.
« On ne peut pas voir se développer un nucléaire à deux vitesses, un nucléaire « low cost » et « cheap » pour les uns et un nucléaire « high standards » pour les autres. Nous pouvons bien sûr faire du sur-mesure en termes de taille de réacteur, d’adaptation aux contraintes locales de choix technologiques. Mais en matière de sécurité, il n’y a guère le choix ». Anne Lauvergeon, présidente du directoire d'AREVA.
Henri Proglio, le président d’EDF, a lui aussi insisté sur le fait que la sécurité avait un coût. Pour lui, le nucléaire est à la fois sûr et compétitif.
Fulvio Conti, le président du groupe italien Enel, a dit souhaiter que 25 % de l’électricité italienne soit d’origine nucléaire. Il a précisé que 18 % de l’électricité importée par l’Italie est d’ores et déjà d’origine nucléaire et vient principalement de France.
Sergueï Kirienko, le directeur général du groupe russe Rosatom, a proposé, afin de lutter contre la prolifération nucléaire, de louer le combustible à ses clients, puis de le récupérer pour le traiter dans ses usines. « Je pense que beaucoup de pays vont proposer des solutions de leasing, a-t-il dit. C’est essentiel si l’on veut assurer la non-prolifération et les besoins en termes de sûreté. »