Le rapport évoqué dans deux récents articles de presse émane de Wise-Paris, une organisation anti-nucléaire notoire, comme il est facile de le constater sur son site internet.
COGEMA regrette donc que son avis n'ait pas été sollicité avant la publication d'articles qui ne reflètent qu'une position émanant d'une source unique délibérément partisane.
Un rapport non avalisé par les experts européens
Le rapport dont il est question ne porte en aucun cas sur les risques liés à une chute d'avion commercial sur l'usine de La Hague. Il a pour seul objet l'analyse de l'impact sur l'environnement des usines de traitement des combustibles usés de La Hague en France et de Sellafield en Angleterre.
Dès l'origine, les conditions dans lesquelles le STOA - Office du Parlement Européen en charge des questions Scientifiques et Technologiques - avait attribué la réalisation de cette étude à Wise-Paris, avaient fait l'objet de contestations. En particulier de la part de parlementaires européens conscients de la partialité de cette organisation.
A la connaissance de COGEMA, le rapport remis au STOA se trouve à l'état de projet, ses conclusions restant provisoires dans l'attente de leur examen par des experts et les parlementaires européens. Cet examen permettra d'établir la vérité scientifique.
Un scénario dénué de tout fondement
L'absence de rigueur scientifique de l'étude de Wise-Paris est d'abord illustrée par la comparaison faite avec Tchernobyl. Non seulement, l'usine de La Hague est une installation industrielle chimique ne s'apparentant en aucune façon à un réacteur nucléaire, mais son activité même réduit les risques d'accidents dus à une chute d'avion. Le combustible usé présent sur le site y est en effet moins vulnérable que dans une centrale nucléaire ou à proximité. Quant aux résidus vitrifiés issus du traitement, ils sont totalement inertes et exempts de tout risque.
Par ailleurs, WISE-Paris prend comme hypothèse le relâchement dans la nature de l'intégralité du césium contenu dans les combustibles en piscine. Cette hypothèse est dénuée de fondement scientifique pour plusieurs raisons :
- En premier lieu, les combustibles sont très bien protégés car contenus dans des gaines elles-mêmes assemblées et tenues dans des alvéoles métalliques,
- le tout placé sous quatre mètres d'eau. Leur refroidissement à une température moyenne de 40° est assuré en permanence et, dans l'hypothèse déjà improbable où ils se retrouveraient hors d'eau, plusieurs jours seraient nécessaires pour qu'ils parviennent à une température équivalente à celle atteinte dans les réacteurs.
- Enfin, la température des combustibles pourrait être maintenue, grâce aux moyens d'intervention dont dispose l'usine, à un niveau tel que les risques de fusion ultérieurs peuvent être écartés.
COGEMA a étudié, bien avant les attentats commis aux Etats-Unis, l'éventualité d'un accident provoquant la vidange totale des piscines. Il est apparu que cette vidange ne serait pas immédiate et que le réchauffement des matières radioactives s'étalerait sur plusieurs jours, laissant le temps au dispositif anti-incendie de l'usine d'intervenir avec efficacité.
En effet, l'usine COGEMA de La Hague dispose d'un centre de secours et d'un effectif d'une cinquantaine de pompiers hautement spécialisés et familiers des installations. Les capacités d'intervention anti-incendie propres au site sont équivalentes à celles d'une ville de 35 000 habitants.
Un site hautement protégé
L'usine de La Hague bénéficie de ce que l'on appelle une défense en profondeur. La quasi-totalité de ses bâtiments sont ainsi protégés par une épaisse couche de béton d'une extrême robustesse. Comme l'a rappelé le Directeur de l'Autorité de sûreté nucléaire dans des déclarations ces derniers jours, aucune installation nucléaire n'a été conçue pour résister à la chute d'un avion de ligne.
COGEMA et l'Autorité de sûreté nucléaire avaient retenu l'hypothèse de la chute d'un bimoteur, mais, jugé trop improbable le risque accidentel de chute d'un avion gros-porteur (moins de 1 sur 100 millions). Cependant, la conception du site a fait l'objet d'études dites "hors dimensionnement" prenant en compte les conséquences extrêmes d'une vidange totale des piscines à l'occasion d'un accident d'origine non identifié. Ces études ont démontré que les moyens d'intervention et de secours mis en place permettraient de faire face à une telle situation.
Reste que le risque d'un écrasement volontaire d'un avion commercial sur l'usine et a fortiori sur les piscines demeure lui aussi extrêmement faible : même en dehors des périodes d'alerte renforcée, le site de l'usine est considéré comme un point sensible national placé sous surveillance et bénéficiant des moyens appropriés de protection. Dans ce cadre, l'usine fait l'objet de restrictions permanentes de survol. A la suite des nouvelles mesures de sécurité prises par le gouvernement, l'interdiction de survol a été étendue à un rayon de 10 kms et à une altitude inférieure à 5000 pieds (1524 mètres)
La configuration même de l'usine rend le scénario imaginé par WISE irréaliste : Les structures sont en partie construites en sous-sol et les piscines occupent une faible superficie par rapport à l'ensemble des autres installations dans lesquelles elles se trouvent insérées. Il serait donc impossible à un avion de percuter verticalement une piscine. Les piscines de La Hague sont entourées d'autres bâtiments qui constitueraient un premier obstacle à la percussion d'un avion de ligne. Les piscines sont indépendantes les unes des autres et leur configuration rend impossible une percussion simultanée. Au sol, la sécurité des installations de la Hague est assurée en permanence par des forces de sécurité spécialisées propres à COGEMA. L'ensemble du site est entouré d'une double clôture périphérique et muni de systèmes de détection et de télésurveillance très sophistiqués. L'accès aux zones les plus sensibles n'est possible que pour les personnels dûment autorisés.
Depuis le 11 septembre, la mise en place du plan Vigipirate renforcé s'est traduite par l'instauration de nouvelles mesures de sécurité. Les visites du public sont notamment suspendues depuis cette date.
De plus, le gouvernement ayant décidé de renforcer la protection aérienne autour des sites d'intérêt national, depuis le 19 octobre des missiles sol-air Crotale sont installés à Flottemanville-Hague, à proximité du site de l'usine.